En bref
- Ouvrir un food truck nécessite de respecter une réglementation stricte, concernant notamment les autorisations de stationnement et l’hygiène alimentaire.
- Pour créer votre activité de food truck, vous pouvez opter pour une entreprise individuelle (éventuellement sous le statut auto-entrepreneur) ou une société.
- Le marché de la restauration rapide est très dynamique. Un concept novateur peut vous aider à vous différencier de la concurrence.
Vous envisagez d’ouvrir un food truck ? Ce concept de restauration ambulante importé des États-Unis séduit un nombre croissant de consommateurs français. Alors comment créer son entreprise de food truck ? Quelle stratégie adopter et quelle réglementation respecter ? Voici tout ce qu’il faut savoir pour vous lancer.
Qu’est-ce qu’un food truck ?
Un food truck désigne un concept de restauration nomade, proposant des produits de qualité cuisinés directement dans un camion (truck en anglais). Ce mode de consommation connaît un véritable engouement auprès des travailleurs pressés, mais aussi des familles qui souhaitent de temps à autre commander des repas tout faits, pour des occasions particulières ou non.
Les food trucks proposent généralement un plat unique, dont le prix varie entre 5 € et 15 €. Il est cuisiné sur place et devant le client, généralement à partir de produits frais et de qualité. Chaque restaurateur est libre de choisir le concept de son camion (pizza, gourmet, local et bio, nourriture italienne, sandwicherie, etc.).
Ouvrir un food truck comporte de nombreux avantages pour le commerçant qui se lance :
- les charges d’exploitation sont plus faibles que pour un restaurant traditionnel ;
- il peut se positionner là où il y a de la clientèle et revoir sa stratégie relativement facilement ;
- les questions d’approvisionnement sont simplifiées puisqu’il propose un seul type de nourriture ;
- il profite d’un marché actuellement porteur.
Néanmoins, ouvrir un food truck peut également apporter son lot de difficultés. Ce type de commerce nécessite en effet de se plier à une réglementation particulièrement stricte.
Sans plus attendre, passons aux étapes à suivre pour ouvrir un food truck.
Étape 1 : définir le concept de votre food truck
Ouvrir un food truck passera tout d’abord par la définition de votre concept de restauration. Plutôt poisson, cuisine thaï, gastronomie française, pizza ou crêpes par exemple ? Les possibilités sont nombreuses et vous devrez choisir en fonction de plusieurs critères :
- vos connaissances et compétences culinaires ;
- le coût des matières premières et la maîtrise de vos dépenses ;
- les préférences des consommateurs ;
- l’offre de la concurrence ;
- le souhait ou non de se lancer en franchise.
Ne perdez pas de vue que d’autres avant vous ont probablement ouvert un food truck dans votre secteur géographique. Il conviendra donc de vous distinguer, dans la mesure de vos compétences et de vos capacités financières.
Étape 2 : faire une étude de marché et un business plan
Connaître les pratiques, l’offre et les tarifs de vos concurrents passera par une étude de marché. Cette étape est indispensable pour construire un business solide et définir précisément votre positionnement.
Ce document vous permettra également de recueillir les informations suivantes :
- le volume de clientèle potentielle en fonction de votre emplacement ;
- la typologie de client (âge, catégorie socio-professionnelle, revenus) ;
- leurs habitudes de consommation (saisonnalité, taux de fréquentation en fonction de la journée, prix du panier moyen, attentes) ;
- la conjoncture économique sur le marché des food trucks ;
- les zones d’implantation en déclin ou à forte croissance.
À partir de toutes ces informations, vous pourrez ensuite élaborer un business plan pour votre food truck. Ce document, qu’on appelle également plan d’affaires, synthétise de nombreuses informations :
- la description précise de votre offre, ainsi que votre business model ;
- votre stratégie marketing afin de développer et rentabiliser votre commerce (tarifs, stratégie de communication, choix des fournisseurs, stocks, analyse des contraintes, etc.) ;
- un prévisionnel financier sur 3 ans, avec un chiffrage de vos charges, recettes et besoins en financement.
C’est un document technique dont la rédaction demande du temps. Il est néanmoins crucial de s’y pencher car il constituera un socle de réflexion pour débuter et faire grandir votre projet puis votre activité. Il vous sera également utile si vous souhaitez solliciter des financements auprès d’investisseurs, comme les banques.
Étape 3 : trouver des financements
L’ouverture de votre food truck va nécessiter un investissement financier de votre part, surtout au début de votre projet : achat et aménagement de votre camion, achat de votre stock, frais de communication et d’assurance, coût de l’emplacement, formations obligatoires, etc. Actuellement, le prix d’un food truck d’occasion débute à 20 000 €. Un camion neuf et aménagé sera évidemment nettement plus cher.
Vous allez donc probablement devoir trouver des financements pour vous installer. Voici les solutions qui s’offrent à vous :
- les aides à la création d’entreprise (ACRE, ARCE, aides de la région, etc.) : ces aides sont ouvertes sous conditions et peuvent constituer un coup de pouce à votre lancement ;
- le crédit traditionnel : vous pouvez contacter votre banque et ses concurrents pour demander un emprunt ;
- les micro-crédits et les prêts d’honneur : ces financements avantageux, car à taux zéro et souvent sans garantie, sont ouverts aux porteurs de projets sous conditions ;
- le crédit-bail : cette solution vous permet de louer un camion pour éventuellement l’acheter à la fin du bail de location ;
- le crowdfunding ou financement participatif : si vous êtes bon communicant, cette option peut vous permettre de collecter des fonds auprès de contributeurs anonymes.
Les sources de financement sont donc nombreuses. Pour avoir plus d’informations, nous vous conseillons de vous rapprocher de la CCI de votre département, ainsi que des réseaux d’entrepreneurs près de chez vous.
Étape 4 : choisir votre statut juridique
Le choix de votre structure juridique est une étape importante car il aura un impact notamment sur votre fiscalité, votre protection sociale et vos obligations de gestion.
Concrètement, vous pourrez choisir entre ouvrir une entreprise individuelle (avec une option possible pour la micro-entreprise) et créer une société unipersonnelle, comme l’EURL ou la SASU. Si vous décidez de vous lancer à plusieurs, vous n’aurez pas d’autres choix que d’ouvrir une société pluripersonnelle (SARL ou SAS).
L’entreprise individuelle
Si vous choisissez l’entreprise individuelle (EI), voici les principales différences dont vous devrez tenir compte :
EI au régime de la micro-entreprise | EI au régime réel | |
---|---|---|
Formalités de création | Simples | Simples |
Comptabilité | Ultra-simplifiée | Simplifiée si régime réel simplifié, complexe si régime réel normal |
Régime social | TNS au régime micro-social | TNS |
Taux de cotisations sociales | 12,3 % | Autour de 45 % |
Régime fiscal | Impôt sur le revenu (IR) | Impôt sur le revenu (IR) |
Taux d’imposition | CA brut imposable au barème progressif après abattement forfaitaire | Résultat net imposable au barème progressif de l’IR (ou à l’IS en cas d’option) |
Assurance chômage | ||
Statut du conjoint collaborateur |
De plus, notez qu’en micro-entreprise, votre chiffre d’affaires annuel est plafonné : il ne peut pas dépasser 188 700 € HT. Vous ne pourrez pas non plus déduire vos frais professionnels de votre CA pour le calcul de vos cotisations sociales
La société
Si vous décidez plutôt de créer une société, voici ce que vous devez savoir :
SASU | EURL | |
---|---|---|
Formalités de création | Complexes | Complexes |
Comptabilité | Complexe | Complexe |
Régime social | Assimilé-salarié | TNS |
Taux de cotisations sociales | Variable : faible (dividende), élevé (rémunération mensuelle) | Autour de 45 % |
Régime fiscal | IS (option IR pendant 5 ans) | IR (option IS) |
Taux d’imposition | 15 % jusqu’à 42 500 € de résultat net, 25 % au-delà | Résultat net imposable au barème progressif de l’IR (ou à l’IS en cas d’option) |
Assurance chômage | ||
Statut du conjoint collaborateur |
Notez que créer une société est plus complexe, mais cette option vous ouvre de vraies perspectives de développement. Elle apparaît également comme une structure juridique plus solide, ce qui peut faire la différence auprès des investisseurs.
Pour être sûr de faire le bon choix dès le démarrage de votre activité, n’hésitez pas à vous faire conseiller par des professionnels (avocats, legaltechs, expert-comptable, etc.).
Contract Factory
Étape 5 : créer votre entreprise
Si vous optez pour une entreprise individuelle, vous devrez déposer un dossier de création sur le Guichet électronique des formalités d’entreprises (ou Guichet unique). Il vous sera demandé de remplir un dossier en ligne et de transmettre l’ensemble de vos documents de manière dématérialisée.
Si vous créez une société, vous devrez préalablement :
- rédiger les statuts constitutifs de votre société ;
- déposer son capital social sur un compte bancaire professionnel ;
- publier un avis de constitution dans un journal d’annonces légales.
Une fois cela fait, vous devrez là aussi demander la création de votre société en ligne sur le Guichet unique. Vous pouvez confier cette tâche à une legaltech si vous préférez vous décharger des démarches administratives.
Votre entreprise sera ensuite immatriculée au Registre des commerces et des sociétés (RCS) et au Registre national des entreprises (RNE). Vous recevrez votre numéro Siret sous 2 à 4 semaines, ainsi que votre Kbis.
Étape 6 : respecter la réglementation
La carte de commerçant ambulant
Il est probable que vous vendiez vos repas en dehors de la commune où se situe le siège social de votre entreprise. Pour y être autorisé, vous devez demander une carte de commerçant ambulant. Pour en faire la demande, il vous suffira de remplir le formulaire n° 14022 et le transmettre à la CCI de votre département.
Cette carte est valable 4 ans et coûte 30 €.
Les autorisations de stationnement
Vous ne pourrez pas vous installer n’importe où et sans avoir obtenu une autorisation préalable. Les formalités vont dépendre de l’emplacement où vous souhaitez stationner votre food truck :
- sur la voie publique (trottoir, rue, place) : vous devez demander une autorisation de stationnement auprès de la commune concernée ;
- sur un marché : là aussi, vous devrez vous adresser directement à la mairie concernée et, dans la plupart des cas, vous devrez vous acquitter d’une taxe du droit de place ;
- dans un festival ou une foire : rapprochez-vous de l’organisation. Une redevance vous sera probablement demandée.
Avant de faire ces demandes d’emplacement, vous devez impérativement posséder votre numéro Siren (et donc avoir immatriculé votre entreprise) et avoir assuré votre véhicule.
Les obligations concernant votre camion
Votre camion doit respecter des normes strictes de sécurité et d’hygiène :
- posséder un point d’eau ;
- avoir une hotte d’évacuation si vous cuisez des aliments ;
- avoir des équipements fixes, étanches et lavables.
Votre véhicule doit également recevoir l’homologation « Véhicule automoteur spécialement aménagé » (VASP), avec la mention Magasin. Pour ce faire, vous devez adresser une demande de carte grise VASP à la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal).
Enfin, comme pour n’importe quel véhicule, vous avez l’obligation d’assurer votre camion, a minima « au tiers ». Puisqu’il s’agit de votre outil de travail, il est toutefois recommandé de souscrire une assurance « tous risques ». Vous serez protégé contre les vols et les sinistres (incendie, bris de glace, accident, vandalisme, etc.). N’oubliez pas également d’assurer ce qu’il contient (équipement, matériel et denrées).
Les obligations concernant l’hygiène alimentaire
Puisque vous manipulez des denrées alimentaires, vous devez suivre les formations suivantes :
- La formation aux règles d’hygiène alimentaire : elle est délivrée par un organisme agréé par le ministère chargé de l’agriculture et coûte entre 200 € et 500 €. Elle est facultative si vous justifiez d’au moins 3 ans d’activité dans le secteur alimentaire en tant que gestionnaire ou exploitant. Vous l’avez probablement également passée si vous avez un diplôme dans le secteur de la restauration.
- La formation HACCP : vous pouvez la suivre auprès d’un organisme de formation ou vous tourner vers un prestataire qui pourra éventuellement se déplacer au sein de votre food truck.
Vous n’aurez pas à renouveler ces formations.
Si vous manipulez des denrées d’origine animale, vous devez également adresser une déclaration à la direction départementale en charge de la protection des populations (DDPP). Cette formalité doit être effectuée avant l’ouverture de votre food truck. Vous recevrez ensuite la visite d’un inspecteur dans le cadre d’un contrôle sanitaire.
La réglementation pour la vente d’alcool
Vous souhaitez vendre de l’alcool ? Vous ne pourrez vendre que des boissons dont le degré d’alcool est inférieur à 18 degrés :
- si vous vendez ces boissons avant 22 h, vous devez transmettre une déclaration préalable à la mairie concernée ;
- si vous les vendez entre 22 h et 8 h, vous devrez suivre une formation obligatoire afin d’obtenir une « petite licence de vente à emporter ». Vous disposerez alors d’un permis d’exploitation valable 10 ans.
L’obligation d’affichage
Vous avez l’obligation d’afficher plusieurs choses sur votre food truck :
- les tarifs de vos plats et des boissons ;
- le pays d’origine de toutes les viandes que vous vendez ;
- votre licence d’exploitation, ainsi que la réglementation concernant la vente d’alcool (si vous êtes concerné).
Attention, vous encourez une amende pouvant aller jusqu’à 7 500 € si vous ne vous soumettez pas à ces obligations.
La souscription d’une assurance professionnelle
Vous préparez et servez des repas, ce qui vous expose à certains risques (intoxication alimentaire ou brûlures par exemple). En tant que professionnel de la restauration, vous avez donc l’obligation de souscrire une assurance responsabilité civile professionnelle ou RC pro. Celle-ci vous couvre en cas de dommage corporel, matériel ou immatériel causé à un tiers dans le cadre de votre activité d’entrepreneur.
Cette assurance tout-en-un peut couvrir plusieurs risques : la RC pro, vos biens et la perte d’exploitation.
Nos conseils pour réussir l’ouverture d’un food truck
Nous l’avons vu, ouvrir un food truck nécessite de passer par de nombreuses démarches administratives. Une fois cela fait, il ne vous restera plus qu’à développer votre activité et surtout la rentabiliser.
Vous devrez dans un premier temps communiquer sur votre activité pour vous faire connaître. Puisque vous devrez probablement vous déplacer en mairie pour vos formalités, profitez-en pour leur parler de votre concept de restauration. Vous pouvez également aller à la rencontre des commerçants et éventuellement déposer des flyers chez eux. Communiquer dans la presse locale est également une bonne option pour gagner en visibilité. Enfin, n’oubliez pas que le bouche-à-oreille fonctionne. Des clients satisfaits vous recommanderont autour d’eux. La qualité de vos repas et de votre service peut faire la différence.
Afin de vous consacrer pleinement à votre activité, il est également recommandé de s’équiper des bons outils et des bons services :
- un terminal de paiement mobile ou une caisse enregistreuse tactile pour food truck afin d’encaisser rapidement vos clients ;
- un compte bancaire adapté et vous offrant les services dont vous avez besoin ;
- un logiciel de comptabilité vous permettant d’avoir une vision globale de votre chiffre d’affaires et de votre trésorerie. Si vous souhaitez déléguer cette tâche, vous pouvez également faire appel à un expert-comptable près de chez vous ou un expert-comptable en ligne.
FAQ
Quel budget faut-il pour ouvrir un food truck ?
Le poste de dépenses principal sera l’achat de votre camion. À cela, vous devrez ajouter l’achat des marchandises, du matériel et des fournitures, vos frais de communication, d’assurance et de gestion comptable. Comptez entre 50 000 € et 100 000 € pour vous lancer.
Comment ouvrir un food truck ?
Vous devrez créer votre activité sur le Guichet unique et respecter l’ensemble des formalités administratives obligatoires. Vous devrez notamment demander des autorisations et suivre des formations.
Ouvrir un food truck est-il rentable ?
Ouvrir un food truck vous permet d’éviter les charges d’un restaurant classique. Néanmoins, la rentabilité de votre activité dépendra également de votre stratégie et de votre capacité à maîtriser vos charges.