En bref
- Ouvrir un commerce alimentaire suppose de suivre plusieurs étapes, de l’étude du marché, au choix de la forme juridique, en passant par la recherche de financements ou la communication et le marketing.
- Ce type d’activités impose aussi aux porteurs de projet de respecter certaines obligations, portant sur des formations, des réglementations ou encore des démarches.
- En tant que futur commerçant, vous pouvez vous faire accompagner sur certaines étapes afin d’assurer le bon démarrage de votre activité.
Vous voulez ouvrir votre propre commerce alimentaire ? Alimentation générale, fromagerie-crèmerie, boucherie ou encore boulangerie, suivez le guide, nous sommes là pour vous aider !
Que désigne un commerce alimentaire ?
Pour bien commencer, il s’agit de définir la nature d’un commerce alimentaire : ce sont les activités économiques qui ne concernent que des produits de consommation directement destinés aux particuliers. Cette définition englobe donc aussi bien les supérettes de quartier, plutôt généralistes, que les commerces spécialisés comme une boulangerie ou une boucherie.
Quelles sont les étapes pour ouvrir un commerce alimentaire ?
1. Étudier le marché
Comme pour toute activité, avant de se lancer, il faut étudier le marché. Cela consiste majoritairement à analyser les quatre points suivants :
- le marché ;
- l’offre ;
- la demande ;
- l’environnement.
L’environnement est particulièrement important, car il détermine la fréquentation de votre commerce et bon nombre d’externalités que vous ne pouvez contrôler et qui sont à prendre en compte !
2. Définir son projet
Par la suite, il faut que vous puissiez définir clairement votre projet. Voulez-vous ouvrir un commerce en indépendant ou une franchise ? Un commerce ambulant ou sédentaire classique ?
Chaque statut possède des avantages et des inconvénients. Plus de liberté ou l’accès à un réseau de professionnels matures : à vous de décider !
3. Établir un business plan
Le business plan décrit la stratégie financière et commerciale de votre commerce. Il permet de structurer votre projet et d’avoir une idée claire et précise de comment atteindre vos objectifs et de leur viabilité.
Il est important notamment en vue de l’obtention de fonds nécessaires au démarrage de l’activité ou pour trouver des fournisseurs. En quelque sorte, avant de vendre vos produits, il faut vendre votre commerce. Le business plan se présente en plusieurs parties :
- la présentation du projet ;
- les projections financières ;
- l’executive summary.
Le business plan doit inclure : le compte de résultat prévisionnel, le bilan prévisionnel, le plan de financement, le budget de trésorerie. Si ces mots vous semblent inconnus, il peut être bon de demander de l’aide à un professionnel. Si vous vous entez à l’aise, vous pouvez utiliser un modèle trouver sur internet ou créer votre business plan de A à Z par vous-même grâce à site dédié.
4. Choisir le local
Le local est en quelques sortes la pièce maîtresse de votre commerce alimentaire. Il n’est pas à choisir au hasard et vous devez lui apporter une attention toute particulière.
D’une part, il doit être sélectionné selon des critères précis : l’environnement, l’accès, la visibilité, l’historique, la concurrence alentour, les normes spécifiques de la ville, etc. D’autre part, vous pouvez choisir de louer le local via un bail commercial ou bien d’acheter directement votre fonds de commerce.
Pour pouvoir établir un bail commercial, il est nécessaire que vous soyez immatriculé au registre du commerce des sociétés (RCS) ou au registre national des entreprises (RNE). Nous y reviendrons un peu plus loin.
5. Trouver des financements
Le business plan dont nous parlions plus haut est un document crucial qui vous permettra d’obtenir des financements pour l’ouverture de votre commerce. Les financements peuvent venir de différentes sources :
- capital propre ;
- prêt ;
- financements privés : fonds participatifs, capital-risque… ;
- aides ;
- financements publics : BPI, BEI, Caisse dépôts.
En fonction de votre profil (femme, homme, jeune) et du type de commerce, il existe de nombreuses sources de financement. Pour tout financement extérieur à votre capital propre, il sera important de prouver la viabilité de votre commerce et le sérieux de votre démarche grâce, encore une fois, à votre business plan.
Quelle est la procédure juridique pour créer un commerce alimentaire ?
Choisir le statut juridique
Avant toute chose, il faut que vous déterminiez le statut juridique de votre commerce. Entreprise individuelle, société, société sans associé (EURL) : à vous de voir en fonction de vos objectifs de croissance et de ce que vous projetez pour votre entreprise. Si vous manquez de connaissances sur le sujet et vous sentez un peu perdu quant aux différentes formes juridiques, il pourra être intéressant de vous tourner vers des plateformes juridiques professionnelles qui vous expliqueront les tenants et aboutissants de chaque statut.
Certains régimes, comme celui de la micro-entreprise, sont soumis à des plafonds de chiffre d’affaires. Dépasser ce plafond deux années de suite vous fera basculer à un régime d’imposition réel. Le seuil limite en question est de 176 200 € en 2024.
Immatriculer votre entreprise
Une fois le statut juridique choisi, vous êtes prêt à immatriculer votre entreprise. C’est la première étape juridique pour lancer votre structure. Une fois celle-ci définie, il faut l’officialiser. L’immatriculation de votre entreprise correspond à la création officielle de celle-ci, vous permettant d’obtenir l’identité unique de votre commerce grâce au numéro SIRET et au Kbis.
En fonction du statut que vous souhaitez créer, l’immatriculation requiert un certain nombre de documents.
Pour enregistrer votre commerce alimentaire, vous pouvez vous rendre sur le Guichet unique de formalité des entreprises et réaliser la procédure seul. Il est aussi possible de vous faire accompagner. Plusieurs options s’offrent à vous :
- faire appel à un cabinet d’avocat ou d’expertise-comptable ;
- passer par une Legaltech, une plateforme juridique en ligne.
La première solution est adaptée si vous avez des besoins complexes ou particuliers, et surtout le budget pour régler leurs honoraires. Les Legaltech sont un compromis idéal entre services complets et tarifs abordables.
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Effectuer les demandes d’autorisation
Des demandes d’autorisation sont par ailleurs nécessaires pour ouvrir votre commerce. Celles-ci vont dépendre du commerce, mais on peut citer les suivantes :
- si il y a occupation de l’espace public (un étalage en extérieur par exemple), il faudra demander une AOT (autorisation d’occupation temporaire du domaine public) auprès de votre mairie ;
- si votre local fait plus de 1 000 m² de surface, il faudra demander une autorisation d’exploitation commerciale (CDAC) à la préfecture ;
- si vous voulez diffuser de la musique, il faudra régler des droits d’auteur auprès de la Sacem (société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) ;
- si vous avez besoin de faire des travaux, il faut obtenir un permis de construire, à réclamer auprès de la mairie, celui-ci est particulièrement nécessaire si votre commerce se situe aux alentours d’un site protégé (patrimoine historique par exemple).
Quelles sont les réglementations des commerces alimentaires à connaître ?
Les formations
Pour ouvrir un commerce alimentaire, il faudra penser à vous former. Certaines formations sont facultatives, mais peuvent être bonnes à prendre si vous êtes novice dans la gestion d’une telle structure.
Parmi les formations souvent obligatoires pour ouvrir un commerce alimentaire, retenez les points suivants :
- puisque vous serez en contact avec de la nourriture, il faudra passer obligatoirement la formation HACCP pour maintenir l’hygiène alimentaire : celle-ci coûte en moyenne 200 à 500 € ;
- la formation SPI (Stage de Préparation à l’Installation) est facultative depuis 2019, mais celle-ci peut vous aider à vous lancer en reprenant les bases de la création d‘une entreprise et de sa gestion : la durée de la formation est d’une trentaine d’heures pour en moyenne un coût inférieur à 200 € ;
- si vous voulez exercer une profession réglementée, il faudra justifier de l’obtention d’un diplôme ou d’une carte professionnelle : c’est par exemple le cas pour les commerces spécialisés tels que les boucheries, boulangeries, poissonneries.
Si vous avez un doute quant aux prérequis nécessaires à votre activité, n’hésitez pas à vous adresser et à vous référer à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) ainsi qu’à la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP).
L’accueil du public
Pour recevoir du public, vous êtes soumis à des obligations qui permettent de protéger vos clients, vos employés et vous-même en cas d’incendie ou de panique.
En fonction du nombre de personnes que reçues, l’ERP (Établissement Recevant du Public) est soumis à des réglementations différentes. Un magasin de vente ne peut pas accueillir plus de 200 personnes par exemple (et 100 personnes par étage si vous en possédez).
Vous devez installer au sein de votre commerce des dispositifs d’alarme, de surveillance et de secours en fonction des risques encourus. Par ailleurs, vous êtes dans l’obligation, en tant qu’ERP, de tenir un registre de sécurité. Au sein de celui-ci, doivent figurer des éléments tels que :
- la liste du personnel chargé du service incendie ;
- les consignes particulières en cas de problème ;
- la date des contrôles de vos installations ;
- la date des travaux ainsi que leur nature et les prestataires si vous en avez fait.
D’autre part, en tant que structure publique, vous devez vous assurer que votre commerce est accessible aux personnes en situation de handicap, aux fauteuils roulants par exemple. Dans certains cas, des dérogations peuvent être demandées auprès de la mairie. L’accessibilité doit être communiquée au préfet et à la commission pour l’accessibilité de la commune où est localisé le commerce.
En règle générale, les commerces de détail alimentaire peuvent ouvrir le dimanche jusqu’à 13 h sans autorisation préalable. Attention néanmoins, si vous avez des salariés, il existe des règles spécifiques relatives à l’ouverture des commerces le dimanche, comme dans certains cas, la majoration de leur salaire par exemple.
Les affichages
Un commerce alimentaire doit respecter certaines règles de transparence vis à vis du client :
- le prix des produits doit être informé clairement sans que le client n’ait à le demander ;
- l’affichage du prix doit se faire sur le produit ou sur un écriteau à proximité directe ;
- vous devez aussi afficher le prix à l’unité de mesure pour la majorité des produits ;
- vous avez le droit de choisir les moyens de paiement que vous acceptez (sauf pour les espèces) mais les conditions doivent être clairement affichées pour le client ;
- en fonction de vos produits et de la nature de votre commerce, vous pourrez être soumis à des obligations ou interdiction d’appellations, il est conseillé dans ce cas de se référer à la chambre du commerce.
En cas de doute sur une pratique, n’hésitez pas à demander l’avis de l’administration via un “rescrit consommation”.
Une pratique commerciale trompeuse engage votre responsabilité pénale et peut être punie d’une amende de 3 000 € pour les entreprises individuelles, 15 000 € pour les sociétés.
Les autres démarches à effectuer pour ouvrir un commerce alimentaire
Une fois votre business plan prêt, que vous avez les obligations juridiques bien en tête, il faut effectuer d’autres démarches subalternes. Courage, vous y êtes presque !
L’ouverture d’un compte bancaire professionnel
Premièrement, il vous faudra certainement ouvrir un compte en banque professionnel. Celui-ci est obligatoire pour les sociétés à capital social mais optionnel pour les entreprises individuelles, sauf pour les micro-entreprises dont le CA dépasse 10 000 € deux ans de suite. En fonction des rendements prévus de votre entreprise, il faudra très certainement ouvrir un compte pro en ligne.
En plus des obligations juridiques, ouvrir un compte en banque professionnel, que ce soit en ligne ou dans une banque physique, vous permet de séparer vos revenus personnels de ceux de l’entreprise ou de mandater un trésorier/comptable. Il peut aussi parfois être requis pour certains services réservés aux professionnels.
Les assurances obligatoires
En termes d’assurances, il vous faudra impérativement souscrire à une assurance civile professionnelle pour votre commerce et éventuellement assurer vos biens (local, véhicule, marchandise, etc.).
Les assurances multirisques professionnelles vous permettront d’englober différents degrés de couverture en fonction des risques de votre commerce.
Enfin, il est fortement recommandé de souscrire à une mutuelle en tant que commerçant, qui est d’ailleurs obligatoire si vous avez des salariés. On parle alors de mutuelle collective. Une prévoyance vous permet également de vous protéger face aux alés de la vie.
Les fournisseurs
Ensuite, n’oubliez pas de penser à vos fournisseurs ! Ce sont eux qui vont permettre à votre commerce de tourner, ne les négligez pas. Le choix repose sur différents aspects comme la nature de votre commerce (magasin spécialisé, bio, qualité, etc.), la taille de l’établissement que vous souhaitez ouvrir, le type de circuit (court ou long, Rungis ou producteur locaux, etc.) ou de si vous voulez vous faire livrer ou aller chercher directement la marchandise.
Pour bien choisir les fournisseurs, vous pouvez vous tourner vers les commerces similaires aux vôtres et leur demander des conseils et retours d’expérience !
Le marketing et la communication
Finalement, pensez à la commercialisation de votre commerce, vous voulez attirer les clients. Pour cela, il sera important de mettre en place des techniques de commercialisation afin d’atteindre vos objectifs de vente. Il faudra aussi communiquer autour de vous pour faire connaître votre magasin et ses nombreux avantages compétitifs !
Voilà 7 étapes pour un bon plan de communication :
- La cible : qui sont vos clients ?
- L’objectif
- Le message : à adapter en fonction de la cible et de l’objectif
- La marque, l’enseigne, le nom : il s’agit ici de l’identité de votre commerce, pensez unique !
- Les supports et canaux : le journal local, des affiches, les réseaux sociaux
- Le plan d’action
- Le budget
Quel budget prévoir pour ouvrir un commerce alimentaire ?
Pour un commerce alimentaire, le budget sera déterminé par votre business plan. Celui-ci doit intégrer tous les coûts qui peuvent être extrêmement variables en fonction du type de commerce que vous souhaitez ouvrir. Voilà une liste non-exhaustive des coûts qui pourront être à prendre en compte :
- la formation HACCP ;
- les licences spécifiques (alcool) ;
- les consommables (stocks) et non-consommables (équipements) ;
- les systèmes de sécurité, informatique, paiement ;
- le local et ses charges (dépend grandement de la location) ;
- les assurances professionnelles ;
- les frais de commercialisation et de communication, marque déposée, etc. ;
- l’abonnement téléphonique, internet, TV ;
- les impôts et taxes ;
- le salaire des employés ;
- les frais de création d’entreprise ;
- les éventuels intérêts et frais bancaires.
FAQ
Quel statut juridique choisir pour créer un commerce alimentaire ?
Pour créer un commerce alimentaire, le statut juridique dépend de vos objectifs, notamment financiers. Posez-vous les bonnes questions, car il existe des contraintes et avantages pour chaque statut !
Combien coûte la création d’une activité de commerce alimentaire ?
La création d’une activité de commerce alimentaire à un coût très variable. Il dépendra de nombreux facteurs comme votre emplacement, la nature de votre commerce, etc.
Quelles sont les obligations d’un commerçant alimentaire ?
Le commerçant alimentaire à des obligations de sécurité, d’hygiène, d’accessibilité, de transparence et légales vis à vis des consommateurs. Il est important de s’informer pour ouvrir un commerce alimentaire dans les règles de l’art.