En bref
- Malgré le développement de l’IA, le marché de la traduction connaît une croissance constante et bon nombre de traducteurs poursuivent le choix de la spécialisation.
- La majeure partie des traducteurs exercent en freelance, principalement en entreprise individuelle.
- Aucun diplôme n’est requis pour devenir traducteur freelance. Néanmoins, des études en langue étrangère et / ou un long séjour à l’étranger sont un plus.
Vous parlez plusieurs langues et vous voulez démarrer une activité en tant qu’indépendant ? Vous pouvez devenir traducteur freelance et mettre à profit vos compétences linguistiques. Pour faire face à la mondialisation de leurs activités, de nombreuses entreprises ont des besoins en traduction et n’hésitent plus à faire appel à un prestataire externe pour y répondre. Notre article vous explique comment devenir traducteur indépendant. Qualités requises, démarches administratives et comment trouver les premières missions… On vous dit tout !
Le marché de la traduction
Les outils de traduction automatique et l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle (IA) ont profondément transformé le marché de la traduction. Néanmoins, la mondialisation des échanges, les flux d’immigration et le développement des multinationales permettent à ce marché de connaître une croissance régulière.
D’après une étude menée en 2023 par la Société française des traducteurs, on compte entre 17 000 et 20 000 traducteurs professionnels en France. Seuls 9 % d’entre eux sont salariés, les CDD et CDI se faisant particulièrement rares dans ce secteur.
Concernant leur chiffre d’affaires, les traducteurs travaillent essentiellement avec des agences (43 % de leur CA). Un tiers de leurs revenus serait généré avec des clients directs et le reste (13 %) via des maisons d’édition.
Quelles sont les missions d’un traducteur freelance ?
Des activités variables selon la clientèle
Un traducteur transpose un texte écrit d’une langue à une autre. Il veille à en respecter le fond et la forme. Il doit notamment reformuler les expressions et autres références culturelles afin que le public cible puisse comprendre le sens original.
Un traducteur peut maîtriser plusieurs langues étrangères mais il traduit généralement toujours vers sa langue maternelle.
Sa clientèle est relativement variée. Ainsi, il travaille pour des agences de traduction, des organisations internationales (publiques ou privées) ou encore des éditeurs. Il est donc amené à traduire de nombreux types de contenus : littérature, articles, supports commerciaux, comptes-rendus, sous-titrages, etc.
Les spécialisations possibles
On dénombre 3 grands domaines de spécialisation :
- le traducteur littéraire : il travaille en lien avec les maisons d’édition et traduit des romans, des recueils ainsi que des guides pratiques ou touristiques ;
- le traducteur technique : il fait le choix de se nicher dans un domaine très précis et en maîtrise parfaitement les codes et le vocabulaire. Il peut par exemple se spécialiser dans le domaine de la communication, celui de l’industrie, de la médecine, du marketing ou encore des finances ;
- le traducteur assermenté : il traduit les textes juridiques officiels, comme des actes de procédure, des actes notariés ou encore des actes administratifs. Il est reconnu comme étant un officier ministériel et il est le seul à devoir justifier d’un diplôme en langue étrangère.
Bien évidemment, rien n’empêche un traducteur freelance d’intervenir dans ces 3 domaines !
Traducteur et interprète : quelles différences ?
On a parfois tendance à confondre ces deux métiers et pourtant, ils sont bel et bien différents. Alors qu’un traducteur intervient uniquement sur des textes écrits, l’interprète, lui, traduit un texte oral.
L’interprète peut ainsi intervenir dans le cadre de conférences, de réunions, pour la radio ou la télévision. Certains d’entre eux sont spécialisés dans l’accompagnement des étrangers et viennent en soutien pour leurs démarches (rendez-vous médicaux ou avec les administrations).
Quelle est la rémunération d’un traducteur freelance ?
Les traducteurs ne facturent pas tous de la même façon et leurs tarifs peuvent évoluer selon leur expérience et leur spécialisation. Il est donc difficile d’avancer un salaire moyen pour un traducteur indépendant.
Néanmoins, pour vous faire une idée, notez que la grande majorité des traducteurs facturent à l’unité (au mot, au feuillet, etc.), une part plus faible au temps passé et une autre au forfait.
Le tarif varie généralement de 1 à 50 centimes d’euros par mot et 10 à 150 € de l’heure, en fonction de la typologie des clients et des langues traduites.
Quelles sont les qualités requises pour devenir traducteur indépendant ?
Pour être traducteur indépendant, vous devez impérativement maîtriser au minimum deux langues, aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. L’orthographe et la grammaire doivent être irréprochables. Vous devez non seulement parler et écrire ces deux langues, mais vous devez aussi en connaître les subtilités, maîtriser les jeux de mots et expressions. Au-delà de votre passion pour les langues, d’autres qualités sont requises :
- professionnalisme et probité ;
- disponibilité et réactivité ;
- curiosité et bonne culture générale ;
- rigoureux, organisé et attention portée aux détails.
Faut-il être diplômé pour être traducteur freelance ?
L’activité d’un traducteur indépendant est une profession libérale non réglementée. De ce fait, aucune formation ou diplôme n’est exigé pour exercer ce métier.
Néanmoins, votre crédibilité en tant que traducteur sera bien meilleure auprès de vos prospects et clients si vous possédez une formation, un diplôme ou si vous pouvez justifier vos compétences (séjour de longue durée à l’étranger, parent d’une nationalité différente, etc.). Cela vous donne aussi un avantage non négligeable face à une concurrence qui peut être rude.
Plusieurs formations en traduction sont proposées par les universités, avec des spécialités en langue ou secteur d’activité (judiciaire, commercial, etc.) ou type de traduction (travail d’interprète, sous-titrage, doublage, etc.). Des écoles privées existent aussi, pour les étudiants ou professionnels :
- l’ESTRI (École supérieure de traductions et relations internationales) ;
- l’IELTS (International English Testing System) ;
- ou encore l’ETL (École de traduction littéraire).
Il existe toutefois une exception : celle des traducteurs assermentés.
Si vous envisagez d’exercer ce métier, vous devez respecter certaines conditions d’éligibilité (exercer ou avoir exercé pendant un temps suffisant une profession ou une activité en rapport avec la traduction par exemple). Puis, vous devez déposer un dossier de candidature au Tribunal de Grande Instance de votre circonscription avant le mois de mars de l’année en cours. Si votre candidature est sélectionnée, vous recevez le statut d’officier ministériel habilité par le Ministère des Affaires Étrangères. Cela signifie que vous êtes en mesure d’apposer une certification sur vos traductions, mais aussi que vous pouvez être convoqué par la justice, la police, la gendarmerie, les douanes pour réaliser des traductions ou être l’interprète sur certains dossiers.
Elle vous permet de réaliser davantage de missions, et notamment la traduction de documents légaux (acte de naissance, de mariage, de décès, permis de conduire, documents comptables, commerciaux, testaments, jugements, etc.).
Quel statut juridique pour un traducteur freelance ?
C’est une étape importante lorsque l’on devient traducteur freelance : le choix de la forme juridique. Elle va avoir un impact sur votre fiscalité, votre statut social, votre rémunération et vos charges ainsi que sur les possibilités d’évolution de votre entreprise. Un traducteur freelance peut choisir entre deux statuts juridiques : l’entreprise individuelle (avec une option possible pour la micro-entreprise) ou la société.
Option 1 : ouvrir une entreprise individuelle
C’est la solution la plus souvent choisie par les traducteurs freelances. Vous devrez alors faire un choix entre :
- l’entreprise individuelle (EI) au régime réel ;
- l’entreprise individuelle au régime de la micro-entreprise.
Vous ne savez pas comment choisir ? Voici les points essentiels à retenir.
Si vous optez pour l’EI au régime réel :
- vos obligations comptables seront quasi semblables à celles d’une société et vous devrez établir vos comptes annuels (bilan comptable, compte de résultat, etc.) ;
- par défaut, vous serez redevable de la TVA et devrez donc la facturer à vos clients puis la déclarer à l’État mais vous pouvez demander à bénéficier de la franchise, à condition de respecter les seuils en vigueur ;
- vos revenus seront soumis à l’impôt sur le revenu (IR), mais vous pouvez, sur option, demander une imposition à l’impôt sur les sociétés ;
- vous pourrez déduire vos charges professionnelles de votre revenu imposable.
En revanche, si vous optez pour l’EI au régime de la micro-entreprise :
- vos obligations comptables sont allégées ;
- vous bénéficiez automatiquement de la franchise en base de TVA en dessous d’un certain seuil de chiffres d’affaires seuil (36 800 € en 2024) ;
- votre chiffre d’affaires est imposable à l’IR : vous ne pouvez pas déduire vos frais professionnels mais profitez d’un abattement forfaitaire de 34 % ;
- pour rester en micro-entreprise, votre CA annuel ne doit pas excéder 77 000 € HT.
Côté régime social, vous serez dans les deux cas considéré comme travailleur non salarié (TNS). En revanche, vos cotisations sociales ne seront pas calculées de la même façon. De plus, les EI au réel sont redevables d’une cotisation minimale, même en l’absence de CA, ce qui n’est pas le cas des micro-entrepreneurs.
Option 2 : créer une société
Un traducteur à son compte peut également choisir de créer une société unipersonnelle. Il aura alors le choix entre la SASU ou l’EURL.
Les démarches de création et de gestion sont ici plus lourdes. En revanche, ces statuts juridiques assurent un cadre plus sécurisé pour l’entrepreneur.
Pour ouvrir une société, vous devez créer une personne morale. Cela entraîne donc des démarches plus lourdes (rédaction de statuts, dépôt d’un capital social, etc.) que pour une entreprise individuelle.
En société, vous devrez également tenir une comptabilité complète et l’intervention d’un expert comptable est vivement recommandée.
Concernant la protection sociale, le gérant d’une EURL est lui aussi travailleur non salarié (TNS). Le dirigeant d’une SASU bénéficie, lui, d’un régime différent : celui des assimilés-salariés. Il profite donc de la même couverture qu’un salarié (à l’exception du chômage pour lequel il ne cotise pas).
Côté imposition, la SASU et l’EURL sont soit au régime de la déclaration contrôlée, soit à l’imposition sur les sociétés.
Ces options présentent toutes des avantages et des limites. Pour faire le bon choix, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un expert-comptable ou un avocat.
Quelles sont les formalités administratives pour devenir traducteur indépendant ?
Une fois votre statut juridique choisi, vous pourrez entamer les démarches pour créer votre activité de traducteur freelance.
Vous avez plusieurs choix possibles :
- le faire seul en vous rendant sur le site du Guichet unique ;
- vous faire accompagner par un avocat ou un expert-comptable en ligne ou en cabinet ;
- utiliser une plateforme juridique en ligne de création d’entreprise telle que Portail Auto-Entrepreneur pour les auto-entreprises ou LegalPlace pour les autres statuts.
Vous pourrez ensuite ouvrir un compte professionnel pour gérer vos revenus et dépenses professionnelles. Les banques en ligne sont des solutions très attractives pour les freelances avec des comptes pro adaptés et abordables.
Avant le lancement de votre activité, pensez aussi à vous renseigner sur les assurances professionnelles pour les traducteurs indépendants. Même si aucune n’est légalement obligatoire, la RC pro est fortement recommandée et parfois même exigée par certains clients.
Enfin, pour gérer votre comptabilité et votre facturation, un logiciel devis/facture/comptabilité dédié est très utile. Certains sont gratuits, d’autres payants.
Devenir traducteur indépendant en 4 étapes
1 – Réalisez un business plan
Pour être sûr que votre activité est viable et pérenne, vous pouvez réaliser un business plan. Il s’agit d’un dossier présentant votre projet et détaillant une analyse financière. Vous allez étudier les dépenses nécessaires au fonctionnement de votre activité et estimer le chiffre d’affaires.
Les charges d’un traducteur freelance sont relativement faibles puisque les besoins restent simples : un espace pour travailler, du matériel informatique (ordinateur, connexion internet, imprimant…) et éventuellement des logiciels de traduction.
2 – Travaillez votre portfolio
Un portfolio regroupe un ensemble de documents qui valorise votre profil et votre expérience. Il peut s’agir de documents, d’extraits, de liens vers des sites web que vous avez traduits, des avis de vos clients, vos diplômes et certifications…
Le portfolio peut prendre la forme d’un dossier papier, mais pour vous donner toutes les chances, une présence sur le web est fortement recommandée. Il existe aujourd’hui des solutions simples pour créer un site internet en quelques clics. Ainsi, vous toucherez une clientèle plus large et peut-être même à l’international.
3 – Trouvez des missions
En fonction de votre expérience, trouver les premiers clients freelance peut s’avérer difficile. Pour décrocher vos premières missions, n’hésitez pas à réaliser quelques traductions à titre gracieux. Non seulement vous allez acquérir une ou plusieurs premières expériences, mais vous allez aussi et surtout remplir votre portfolio.
Selon les langues que vous maîtrisez, les clients sont aussi plus ou moins faciles à trouver. En France, l’anglais est la langue la plus courante mais la concurrence est forte.
Vous pouvez aussi vous diriger vers les plateformes pour freelances, spécialisées ou non en traduction. Vous serez facturé une commission sur chaque mission, mais c’est une solution facile et rapide de réaliser vos premières missions.
Le bouche-à-oreille est largement répandu chez les freelances. Une expérience positive avec un client vous mènera sûrement à d’autres missions s’il n’hésite pas à parler de vous. Enfin, la prospection directe est aussi plutôt efficace même si elle prend du temps. Vous pouvez contacter des agences de traduction ou des traducteurs expérimentés qui pourraient chercher à déléguer. Vous pouvez aussi cibler des clients dans un domaine d’activité qui vous plaît et qui sont susceptibles d’avoir de forts besoins.
4 – Développez votre réseau et communiquez sur votre activité
Par le biais d’un site internet, comme nous l’évoquions auparavant, ou via les réseaux sociaux (Linkedin ou autres), vous allez devoir faire parler de vous. Une présentation professionnelle de votre profil et de votre expérience, un portfolio rempli et clair, des recommandations de clients… Autant d’éléments qui rassureront les clients potentiels. Si vous n’avez pas d’expérience sur le sujet, envisagez de suivre une formation sur le marketing digital en ligne.
N’hésitez pas à rejoindre des groupes de traducteurs professionnels, des groupes d’indépendants, de freelances, etc… Il y a souvent des échanges d’annonces, des demandes de recommandations. En y étant actif, vous développez votre réseau professionnel et ainsi augmentez vos chances d’obtenir des missions.
Enfin, vous pouvez aussi parler du lancement de votre nouvelle activité autour de vous : famille, amis, anciens collègues…
FAQ
Quel est le salaire moyen d’un traducteur indépendant ?
La rémunération d’un traducteur freelance varie selon sa spécialisation, son expérience et son modèle de facturation. Il peut en effet facturer au mot, au temps passé ou au forfait.
Comment devenir traducteur assermenté ?
Pour trouver des clients, vous pouvez utiliser les plateformes pour freelances, activer votre réseau professionnel et personnel ou encore faire de la prospection directe.
Comment trouver des missions en tant que traducteur interprète indépendant ?
Pour trouver des clients, vous pouvez utiliser les plateformes pour freelances, activer votre réseau professionnel et personnel ou encore faire de la prospection directe.