En 2023, la Banque de France a recensé 55 492 défaillances d’entreprises, marquant une augmentation significative de 34,4 % par rapport à l’année précédente. Ces défaillances, qu’elles soient liées à des procédures de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire, ont représenté l’une des plus fortes augmentations enregistrées au cours des six dernières années.
Malheureusement, les données les plus récentes publiées par la Banque de France confirment une tendance similaire pour l’année en cours. En effet, la situation demeure préoccupante, avec une dynamique qui semble suivre la même trajectoire qu’en 2023. Cela souligne les défis persistants auxquels sont confrontées de nombreuses entreprises françaises.
Le nombre de défaillances poursuit son rattrapage vers la moyenne pré-pandémique
En 2023, le nombre de défaillances d’entreprises se rapprochait des niveaux d’avant la pandémie de COVID-19, mais restait en deçà de la moyenne enregistrée pendant la période 2010-2019. Cette moyenne était elle-même marquée par les répercussions de la crise financière de 2008 et de la crise des dettes souveraines de la zone Euro. En février 2024, le nombre de défaillances cumulées sur les 12 derniers mois a continué à converger vers la moyenne pré-pandémique, avec 57 798 entreprises concernées.
Selon les analyses de la Banque de France, deux principales raisons expliquent la situation des défaillances d’entreprises :
- Une conjoncture économique complexe : un net ralentissement économique est observé, ce qui constitue un facteur majeur. Malgré cela, les dernières prévisions indiquent une croissance estimée à 0,8% en 2024 (contre 0,9 % en 2023). Cette croissance, bien que modeste, est censée limiter le nombre de défaillances, mais la conjoncture demeure difficile.
- un effet de rattrapage post-Covid : pendant la période de 2020 à 2023, le nombre de défaillances avait chuté au plus bas depuis les années 2000, avec près de 50 000 défaillances en moins sur cette période. Cela était largement attribuable aux mesures de soutien économique mises en place par le gouvernement, telles que les prêts garantis par l’État, le chômage partiel et le report des échéances fiscales.
Dans ce contexte économique, une augmentation des défaillances d’entreprises apparaît donc inévitable.
Des secteurs d’activité touchés de façon hétérogène
La situation de rattrapage actuellement observée concerne tous les secteurs de l’économie sans exception, bien que de manière hétérogène. Certains domaines semblent particulièrement affectés, avec en tête les activités immobilières affichant une hausse significative du nombre de défaillances de 41,4% par rapport à février 2023. Elles sont suivies de près par le secteur de la construction, qui enregistre une augmentation de 36,9% par rapport à la même période, quasiment à égalité avec les activités financières et d’assurance qui connaissent une hausse de 36,5%. De même, les conseils et services aux entreprises affichent une augmentation de 35,5% par rapport à février 2023.
Cependant, d’autres secteurs, bien que touchés par la crise, semblent moins gravement affectés.
C’est notamment le cas du secteur de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche, où le nombre de défaillances a augmenté de 4,4%. L’industrie a également été impactée mais dans une moindre mesure, avec une hausse de 19,5% des défaillances. Enfin, le secteur de l’enseignement, de la santé, de l’action sociale et des services aux ménages connaît une augmentation de 23,1% des défaillances, ce qui témoigne d’une résilience relative de ces domaines face aux turbulences économiques.
Toutes les tailles d’entreprises sont concernées
Le rapport de la Banque de France met en lumière le fait que l’effet de rattrapage des défaillances concerne toutes les tailles d’entreprises.
En février 2024, comme au troisième trimestre 2023, les PME sont particulièrement touchées, avec une augmentation de 30,6% par rapport à l’année précédente. Les micro-entreprises sont en tête de cette tendance, avec pas moins de 52 926 d’entre elles ayant été concernées par une situation de défaillance au cours des 12 derniers mois, ce qui représente une hausse de 28,6% par rapport à février 2023.
Cependant, en pourcentage, ce sont les entreprises de taille intermédiaire qui voient leur nombre de défaillances augmenter le plus, avec une croissance de 78,1% par rapport à février 2023. Bien que ce chiffre puisse sembler relativement faible en volume, avec seulement 57 entreprises touchées au cours des douze derniers mois, il met en évidence une tendance préoccupante pour ce segment spécifique du marché.