L’économie mondiale tente toujours de se remettre des secousses de la pandémie de COVID-19, la France ne faisant pas exception à ce phénomène, lorsque l’on se penche sur le nombre d’entreprises défaillantes ce trimestre. Le groupe Altares a publié des données révélatrices sur les défaillances en France pour le troisième trimestre de 2023. Les chiffres sont sans équivoque : une augmentation de 23 % par rapport à la même période de l’année précédente. Cette hausse est préoccupante, mais ce qui l’est davantage, c’est l’impact sur les PME et ETI, qui sont au cœur de l’économie française. De plus, on observe des disparités en fonction du secteur d’activité, de la région et de l’ancienneté des entreprises.
Des chiffres inquiétants
Au troisième trimestre 2023, la France a enregistré un total de 10 979 défaillances d’entreprises. Cette augmentation de 23 % par rapport à la même période de l’année précédente révèle une tendance inquiétante. Cela équivaut en moyenne à 4 500 entreprises défaillantes chaque mois depuis janvier. Les PME et les ETI sont particulièrement touchées ce trimestre, représentant 8,2 % des défauts, un chiffre jamais atteint depuis la crise financière de 2016. De plus, d’après l’étude, la proportion de PME parmi les entreprises défaillantes ne cesse d’ailleurs de croître.
Cette hausse des défaillances d’entreprises contraste avec les données antérieures à la pandémie de COVID-19, lorsque les défauts étaient à leur plus bas niveau depuis 35 ans en 2021. Cependant, depuis le début de l’année 2023, la France a enregistré 41 000 défaillances et il est prévu que ce chiffre atteigne environ 55 000 d’ici la fin de l’année.
Enfin, les chiffres indiquent que 72 % des jugements prononcés sont des liquidations judiciaires, un taux très élevé qui confirme la grande faiblesse financière dans laquelle se trouvent ces entreprises. Ce taux de liquidation, inversement proportionnel à la taille de l’entreprise, grimpe à plus de 75 % chez les plus petites structures et descend à 10 % pour les plus grandes.
Un impact sur l’emploi
D’après l’étude Altares, plus de 37 000 emplois sont menacés à la fin de ce trimestre, dépassant un seuil qui n’avait plus été atteint depuis 2016, au plus fort de la crise financière européenne. L’emploi est la pierre angulaire de l’économie, et cette menace pèse lourdement sur la stabilité financière et sociale du pays.
La hausse des défaillances d’entreprises, et particulièrement celles des PME et des ETI, a un impact direct sur l’emploi en France. Ces entreprises, qui sont souvent des employeurs majeurs dans leurs communautés locales, subissent de plein fouet les difficultés économiques et cela a un effet boule de neige sur les populations et leurs régions.
Cependant, elles concentrent plus de 58% des emplois menacés (21 800 au total) alors qu’elles représentent moins de 10 % de l’ensemble des défauts.
Des secteurs davantage touchés
Comme lors des précédents trimestres, les défaillances ne sont pas uniformes et certains secteurs sont particulièrement touchés. Les épiceries, les coiffeurs, les garagistes et les transporteurs interurbains enregistrent des niveaux de défaillance record, les plus élevés en plus de dix ans. Cela témoigne des défis auxquels sont confrontés ces secteurs dans un contexte économique difficile. La construction, qui avait résisté pendant un certain temps, connaît désormais une tendance supérieure à la moyenne globale et renoue avec les seuils pré-COVID. Le secteur des services aux particuliers, en particulier les activités de coiffure et instituts de beauté, connaît une sinistralité au plus haut sur dix ans. Dans les services aux entreprises, les activités de conseil en communication et gestion ainsi que le nettoyage de bâtiments accusent aussi une hausse significative des défaillances.
Des disparités par région
Les données d’Altares montrent également des variations régionales importantes, qui mettent en lumière la complexité de la situation économique en France. L’Île-de-France, en tant que région la plus densément peuplée et la plus industrialisée, résiste mieux que la plupart des autres régions de France. Les Hauts-de-France, grâce à des initiatives de soutien aux entreprises, montrent des signes de stabilisation, bien que les perspectives demeurent incertaines.
En revanche, l’Auvergne-Rhône-Alpes, qui compte un grand nombre de PME et d’ETI, connaît une forte hausse des défaillances d’entreprises. Cette région présente la plus forte augmentation de défaillances d’entreprises en France, soulignant les défis rencontrés par les entreprises en dehors des grands centres urbains.
Pour la première fois depuis janvier 2022, la hausse générale diminue et la reprise des défaillances pourrait être davantage ralentie par le soutien continu du gouvernement aux entreprises en difficulté. Cependant, pour éviter un effet « zombie » et encourager une véritable croissance, il est impératif de veiller à ce que les mesures de soutien soient ciblées et temporaires. Les entreprises devront encore faire preuve de résilience pour faire face à ces défis économiques et ce pour encore plusieurs mois.