Chaque trimestre, la Banque de France réalise une enquête sur l’accès au financement bancaire des entreprises françaises. L’étude repose sur les réponses de près de 6000 TPE, PME et ETI. La stabilité des nouvelles demandes de crédits, l’accessibilité aux crédits d’investissement et l’augmentation des coûts du crédit sont des éléments importants à prendre en compte dans l’analyse de l’évolution du financement des entreprises. Face à ces circonstances, de nouvelles tendances et pratiques sont en train d’émerger.
Les crédits en investissement sont stables
Selon les données présentées dans le rapport de la Banque de France, on constate que la demande de nouveaux crédits d’investissement par les entreprises au cours du deuxième trimestre de 2023 montre des tendances différentes selon leur taille. Pour les très petites entreprises (TPE), la proportion d’entreprises ayant sollicité des nouveaux crédits reste stable par rapport au trimestre précédent. Quant aux petites et moyennes entreprises (PME), le taux a légèrement augmenté ce trimestre, en comparaison au précédent.
Il ressort également de l’étude que les taux d’obtention des demandes de crédits pour les différentes tailles d’entreprises restent remarquablement élevés. En effet, parmi les TPE qui ont formulé une demande de crédit, pas moins de 87 % d’entre elles ont réussi à obtenir le prêt en totalité ou à hauteur de plus de 75 %. Une donnée positive, qui témoigne de la facilité relative avec laquelle les TPE ont accès au financement et de leur capacité à convaincre les institutions financières de leur crédibilité. Les PME, quant à elles, affichent un taux d’obtention encore plus élevé, avec 97 % d’entre elles ayant réussi à obtenir leur demande de crédit en totalité ou à plus de 75 %. Cela indique un environnement économique favorable, propice à l’accès au financement pour soutenir la croissance et le développement des entreprises.
Les crédits de trésorerie en berne
La situation est bien plus mitigée pour les crédits de trésorerie. En effet, la proportion d’entreprises ayant sollicité de nouveaux crédits de trésorerie se maintient à un niveau stable mais bas pour les catégories d’entreprises étudiées. Après un pic en 2020 durant la crise sanitaire, la situation actuellement observée suggère que les entreprises semblent se montrer prudentes dans leurs demandes de financement ou qu’elles ont trouvé d’autres sources de financement pour leurs besoins actuels. Aujourd’hui, les TPE et PME présentent des taux de demande de crédits de trésorerie respectivement à 3,66 % et 5,41 %, plus bas qu’en 2019.
Parallèlement, le taux d’obtention pour ce type de crédit diminue ce trimestre pour les PME à 83 %, contre 86 % au premier trimestre 2023. Toutefois, la situation est différente pour les TPE, dont le taux d’obtention passe la barre des 75 %, soit plus de 9 points par rapport au précédent.
Des coûts de crédits importants
Au cours de ce trimestre, on observe une augmentation de la proportion d’entreprises signalant une hausse du coût total du crédit par rapport à leurs demandes de crédit précédentes. Cependant, cette augmentation est moins prononcée que lors des trimestres précédents. Des résultats qui peuvent être croisés avec ceux de la dernière enquête de conjoncture auprès de TPE-PME réalisée par Bpifrance. En effet, avec la remontée des taux d’intérêt, les dirigeants de TPE-PME considèrent le coût du crédit comme un frein important à l’investissement. En parallèle, cette étude dévoile que les TPE-PME jugent plutôt souples les conditions d’accès au crédit, c’est-à-dire l’attitude des banques par rapport à leurs demandes de prêts. Bien que le niveau d’investissements pour 2023 reste en deçà des résultats obtenus en 2019, les institutions se veulent rassurantes et précisent que les banques jouent encore leur rôle de financement des TPE-PME.
Crowdfunding : une alternative de plus en plus plébiscitée
Face aux taux d’intérêt grandissant et à des refus de crédits, le financement participatif gagne en popularité auprès des chefs d’entreprise qui sont de plus en plus nombreux à y recourir. C’est ce que révèle le baromètre réalisé par Mazars, organisation indépendante d’audit et l’association Financement Participatif France (FPF). En effet, selon les résultats, 2,355 milliards d’euros ont été levés dans l’Hexagone en 2022 via le financement participatif, en progression de 25% sur un an.
Cette méthode qui a le vent en poupe permet de collecter des fonds auprès de particuliers, soit sous forme de prêts, soit par l’émission d’obligations rémunérées, qui peuvent ensuite être converties en parts de capital de l’entreprise. Les entreprises ne sont donc plus dépendantes des banques et gagnent en souplesse.