Chaque année, France Travail (anciennement Pôle Emploi) dévoile les tendances en matière de recrutement grâce à son étude intitulée « Besoins en main-d’œuvre » (BMO). Cette analyse, menée en collaboration avec le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), repose sur les données partagées par plus de 420 000 employeurs répartis dans toute la France, qui communiquent à l’organisme leurs intentions d’embauche pour l’année à venir. Ces données fournissent une vision précieuse des dynamiques du marché du travail, permettant ainsi d’anticiper les besoins en personnel, ainsi que de comprendre les attentes et les contraintes rencontrées par les employeurs.
Baisse des intentions d’embauche
La première tendance mise en exergue par l’étude BMO est une diminution dans les intentions d’embauche.
Après deux années considérées comme “exceptionnelles” en termes d’emploi d’après France Travail, la volonté de recruter connaît une baisse de 8,5 % par rapport à 2023 et s’établit à 2 782 000 projets d’embauche, soit un niveau quasi similaire à celui observé en 2019. De plus, une baisse est également observée du côté des établissements recruteurs. En effet, cette année, moins de trois établissements sur dix envisagent d’embaucher, soit 28 % contre 31 % en 2023. Au total, c’est 257 000 projets de recrutement de moins que l’année précédente qui ont été recensés, venant se rajouter au contexte économique, social et politique déjà bien complexe, et que l’on peut aussi corréler avec les niveaux de défaillances d’entreprise records de ces derniers mois.
Les petites structures prévoient davantage embaucher que les grandes
En tête des intentions d’embauche, nous retrouvons les TPE et PME. En effet, 7 projets sur 10 sont portés par des entreprises de moins de 50 salariés. Au contraire, seules 13 % des sociétés de 200 salariés et plus prévoient d’embaucher en 2024. Des résultats qui peuvent surprendre au premier abord, mais qui témoignent du poids des petites et moyennes entreprises dans le tissu économique français.
Des intentions d’embauche qui varient selon les secteurs
Une grande majorité des secteurs d’activité sont concernés par cette diminution des intentions d’embauche. Parmi les plus affectés, on retrouve la construction, le transport et l’entreposage, le commerce de gros, ainsi que certaines branches de l’industrie, notamment le travail du bois, le papier et l’imprimerie, ainsi qu’une partie des services aux entreprises.
Au contraire, d’autres secteurs se distinguent par leur dynamisme malgré ces tendances négatives. C’est le cas du secteur des services aux particuliers, qui, bien qu’enregistrant une baisse de 6 % dans ses intentions d’embauche, demeure le principal domaine recruteur en 2024. Cumulé, le secteur des services concentre à lui seul 63% des projets de recrutement.
En revanche, d’autres secteurs voient leurs besoins en main-d’œuvre augmenter, tels que la finance et les assurances, ainsi que les métiers de la sécurité et de la surveillance.
Par ailleurs, certains secteurs sont au contraire en besoin de salariés. C’est notamment le cas du secteur agricole, avec 98 000 projets de recrutement pour les viticulteurs et arboriculteurs, et 91 000 pour les agriculteurs et ouvriers agricoles, ainsi que dans le domaine de la restauration, où la recherche de serveurs de cafés et restaurants, d’employés polyvalents de restauration, de cuisiniers et d’employés de l’hôtellerie est active. En outre, 6 employeurs sur 10 envisagent des difficultés à recruter en 2024, avec comme principales raisons :
- un nombre insuffisant de candidats pour 85 % d’entre eux ;
- des profils de candidats inadéquats pour 76 % ;
- des conditions de travail qui n’attirent pas les travailleurs pour 36 %.
Enfin, il est important de noter que près de la moitié des entreprises (41 %) indiquent que ces besoins en main-d’œuvre résultent d’un surcroît d’activité ponctuel.
Des CDI oui, mais par pour tout le monde
L’enquête nous apprend que 61 % des projets d’embauche sont pour des emplois durables, englobant les CDI et les contrats de 6 mois ou plus. Même si ce pourcentage peut paraître élevé, il est en net recul comparé aux 72 % enregistrés en 2023. De plus, la part des employeurs souhaitant recruter en CDI diminue, passant à 28 % contre 31 % l’an passé.
Ces résultats soulèvent des questions quant à la stabilité de l’emploi et à la confiance des employeurs dans l’économie à long terme.