Chaque mois, la Banque de France publie une enquête de conjoncture : un diagnostic de l’économie française sous la forme d’indicateurs de climat des affaires et de prévisions à court terme. Celle de juillet, qui décrit la situation conjoncturelle du mois de juin, a été établie à partir de témoignages recueillis pour moitié avant le premier tour des législatives et pour l’autre moitié durant l’entre-deux-tours. Cette période a été marquée par une grande incertitude et une complexité politique, économique et sociale accrues, influençant directement l’état d’esprit des chefs d’entreprise. En effet, l’indicateur d’incertitude, fondé sur les commentaires des 8 500 entreprises interrogées, a fortement bondi pour atteindre ses plus hauts niveaux depuis la crise énergétique de 2022.
La Banque de France révèle des disparités sectorielles
La Banque de France fait état de nettes disparités entre les secteurs économiques. Alors que l’industrie et le bâtiment montrent des signes de redressement en juin, les services affichent une reprise beaucoup plus modérée.
En juin, l’activité industrielle se redresse à un rythme quasiment conforme aux prévisions des chefs d’entreprise du mois précédent. Ce redressement s’explique d’après la Banque de France par “un effet de rattrapage après un mois de mai marqué par des congés et des fermetures liées aux jours fériés, ainsi que par une reconstitution des stocks en prévision des vacances d’été”.
Dans les services marchands, l’activité progresse à un rythme ralenti pour le deuxième mois consécutif, et ce moins rapidement que prévu par les chefs d’entreprise en mai. L’activité augmente dans la plupart des services aux entreprises, notamment dans l’édition, le conseil en gestion, l’ingénierie, la publicité et les études de marché, ainsi que le nettoyage. Toutefois, elle recule dans les services d’information, la programmation, le conseil, ainsi que dans les activités de loisirs et de services à la personne. Enfin, l’hébergement connaît également une baisse après un mois de mai soutenu.
Dans le secteur du bâtiment, l’activité rebondit en juin, dépassant les anticipations du mois précédent, tant dans le gros œuvre que dans le second œuvre, après un net retrait en mai.
Pour juillet, les entreprises anticipent une hausse de l’activité dans l’industrie, une stagnation dans les services et un ralentissement dans le bâtiment. En ce qui concerne les prix, 6 % des chefs d’entreprise prévoient une augmentation dans l’industrie, 9 % dans les services marchands et 2 % dans le bâtiment.
Enfin, 35 % des entreprises interrogées signalent des difficultés de recrutement, avec une proportion élevée dans le bâtiment, atteignant 40 %. Ces chiffres, qui peuvent paraître élevés, sont dans une moyenne basse, indique la Banque de France.
Un contexte incertain
Alors que les entreprises et établissements interrogés ont pu faire état de leurs prévisions pour le mois de juillet, il en ressort que l’incertitude est omniprésente dans tous les secteurs d’activité. Cette incertitude, largement justifiée par le climat politique ambiant suite à la dissolution de l’Assemblée, atteint des niveaux records ce mois-ci. En effet, l’indicateur retrouve son niveau observé lors de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine il y a deux ans. C’est principalement dans le secteur tertiaire qu’il a le plus grimpé, après avoir été sensiblement bas ces derniers mois. Il s’établit à un niveau le plus élevé depuis début 2021, période correspondant au troisième confinement.
Cette incertitude, bien qu’étroitement liée au contexte politique de la fin du mois de juin, est aussi induite par une reprise plus modérée dans le domaine des services, comme a pu le présenter la Banque de France.
Enfin, tous les secteurs expriment leur crainte face à l’attentisme des clients, qui se manifeste aujourd’hui par une réduction de la consommation et une augmentation de l’épargne, un report des investissements, y compris ceux venant de l’étranger, ainsi qu’un gel des recrutements en raison de l’incertitude concernant les évolutions possibles des coûts salariaux. Bien que les effets sur l’activité économique ne soient pas encore pleinement visibles, certains signes commencent déjà à apparaître et la prochaine enquête de conjoncture devrait pouvoir nous éclairer davantage.