Courant avril, le cabinet Altares a publié un rapport présentant les dernières données sur les défaillances d’entreprises, au premier trimestre de l’année 2023.
Des données qui atteignent le niveau d’avant crise sanitaire
L’année 2023 semble poursuivre la progression amorcée l’an dernier, qui s’est soldé par 42 500 procédures collectives. Après une période de répit à compter du début de la crise sanitaire, le nombre de défaillance a augmenté de 50 % l’an dernier. Des chiffres qui tendent vers ceux d’avant-crise, au regard des dernières données publiées. Également, avec une hausse de 43,6 % vs. le premier trimestre 2022, les défauts d’entreprises remontent au niveau de ceux de 2018. De plus, ce n’est pas moins de 10 730 liquidations judiciaires directes qui ont eu lieu entre janvier et mars. Un nombre au plus haut depuis 2017 et qui donne le ton. En effet, la totalité des défaillances devrait “avoisiner voire dépasser le seuil des 55 000” pour cette année, comme l’estime Thierry Millon, directeur des études du groupe Altares.
Les TPE et PME-ETI peinent à se maintenir à flot
Après une période de deux ans où les entreprises ont pu sortir la tête de l’eau grâce aux aides de l’État, il en est tout autre à l’heure actuelle. La mauvaise conjoncture économique marquée notamment par l’inflation, les pénuries de matières premières et la crise énergétique, ne permet pas aux sociétés de retrouver un niveau de revenus suffisant, d’autant plus qu’elles remboursent également les différents prêts contractés durant la pandémie.
Bien que les TPE ne soient pas épargnées et qu’elles représentent la majeure partie des défaillances, ce sont les niveaux atteints par le PME qui tirent la sonnette d’alarme. Avec 1125 défaillances enregistrées pour les PME-ETI, le seuil est dorénavant comparable à celui de 2015. Ces fragilités sont de véritables menaces pour l’emploi. Quand une entreprise de ces catégories voit son activité se terminer, ce n’est pas seulement les salariés et leur employeur qui se retrouvent sans activité, mais bien toute la chaîne de valeur en cascade, constituée des fournisseurs, des prestataires, des sous-traitants et bien d’autres, dont le travail et les revenus associés sont largement impactés.
Un nombre de défaillances qui risque d’atteindre au prochain semestre les niveaux records constatés entre 2009 et 2015 et qui sera largement justifiée par les recouvrements forcés de l’URSSAF, comme a pu déclarer Thierry Millon.
Un nombre de défaillances qui risque d’atteindre au prochain semestre les niveaux records constatés entre 2009 et 2015 et qui sera largement justifiée par les recouvrements forcés de l’URSSAF
Thierry Millon, directeur des études du groupe Altares
Dans ce contexte, ce sont les agences immobilières, le commerce de détail et les transports routiers de marchandises qui sont les plus fragilisés. Parallèlement, l’industrie et la construction restent comparativement épargnées.
Des chiffres qui restent dans la moyenne
Bien que ces données interpellent, les spécialistes sont formels : ce début d’année 2023 est loin de signer un record de défaillances et les prévisions annoncées ne sont pas alarmistes pour le moment. À en croire les données des dernières années, voire décennies, il n’est pas rare que le nombre de défaillances enregistrées soit proche des 50 000, qui représentent même la moyenne annuelle. Il en est de même pour celles comptabilisées au premier trimestre 2023, qui se situent dans la moyenne calculée par Altares sur 25 ans.
