La Prévision Nette d’Emploi en France s’élève à + 21% sur la période de juillet à septembre 2023. Bien qu’elle reste positive, c’est tout de même 5 points de moins par rapport au trimestre précédent et 8 points de moins par rapport à la même période en 2022. Une baisse qui trouve plusieurs explications : le nombre d’entreprises souhaitant réduire leurs effectifs ce trimestre représente 19%, alors qu’elles étaient seulement 13% au deuxième trimestre 2023 à exprimer cette intention. Une réduction des effectifs qui se justifie principalement par le contexte économique tendu et les prévisions incertaines. Ces données proviennent de la dernière étude de Manpower, portant sur les perspectives d’emploi au troisième trimestre 2023. Un baromètre réalisé sur la base de 1 020 employeurs français interrogés, répartis sur 5 régions et évoluant dans 9 domaines d’activité différents.
Pour autant, les prévisions d’embauche restent dynamiques et 40% des entreprises prévoient de recruter de nouveaux collaborateurs durant le 3ème trimestre 2023, comme en témoigne Alain Roumilhac, président de ManpowerGroup France. « Les intentions d’embauche pour ce 3ème trimestre restent dynamiques malgré une légère baisse prévue cet été.”
La cartographie de l’emploi
Au regard des données récoltées par l’étude Manpower, il est possible d’analyser les secteurs d’activité les plus porteurs, les régions les plus dynamiques mais aussi la typologie des entreprises qui recrutent le plus.
Pour le 3ème trimestre de l’année 2023, parmi les neuf secteurs analysés, trois se démarquent par des prévisions nettes d’emploi en hausse par rapport au trimestre précédent ou à la même période de l’année précédente.
En tête du classement, nous retrouvons le secteur de l’énergie et des services publics qui connaît une hausse spectaculaire des prévisions nettes d’embauche, avec une augmentation de 14 points par rapport au deuxième trimestre 2023, passant de + 27% à + 41% en l’espace de seulement 3 mois. Les besoins liés à la transition énergétique, en particulier dans les énergies renouvelables, contribuent à ces résultats et devraient stimuler les embauches durant la période estivale, comme l’explique Alain Roumilhac “Les entreprises de l’énergie prévoient quant à elles de recruter massivement pour répondre aux enjeux de la transition énergétique, tout comme les services publics qui doivent faire face à une très forte pénurie de talents.”.
Derrière, nous retrouvons le secteur des transports, de la logistique et de l’automobile, qui présente des intentions de recrutement de + 35%, soit 3 points de moins par rapport 2ème trimestre 2023 où il était le secteur le plus dynamique, mais 6 points de plus comparé au 3ème trimestre 2022). Avec ces résultats, il s’agit du domaine qui connaît la plus forte hausse en un an. Ainsi, bien que stables depuis le début d’année, les perspectives nettes d’emploi de ce secteur restent dynamiques. Une des raisons de cette vivacité se justifie par le virage vers l’électrique qu’entament les entreprises.
Enfin, en troisième position, nous découvrons le secteur des services de communication, avec des prévisions d’emploi de + 24%, soit une hausse de 4 points par rapport au trimestre précédent, et un point supplémentaire par rapport à la même période il y a un an.
Par ailleurs, malgré des intentions d’embauche optimistes, les autres secteurs accusent un ralentissement des prévisions nettes d’emploi au 3ème trimestre, à savoir les secteurs des technologies de l’information, de l’industrie & des matériaux, de la santé & sciences de la vie, des biens de consommation et des services, de la finance et enfin de l’immobilier.
Point extrêmement positif, il ressort de l’étude que toutes les catégories d’entreprises prévoient d’embaucher sur la période de juillet à septembre, même si ces intentions sont ralenties par rapport au trimestre précédent. Parmi toutes les typologies de sociétés, ce sont les petites entreprises françaises (10 à 49 salariés) qui ont les prévisions les plus élevées, avec des intentions d’embauche nettes d’emploi qui sont de + 26%. À l’opposé, les entreprises de moins de 10 salariés demeurent un peu moins optimistes, avec des prévisions nettes d’emploi de + 8%, représentant une diminution de 27 points par rapport au 3ème trimestre 2022. Les mises en cause : une inflation généralisée et une conjoncture économique complexe, qui obligent les TPE à prioriser leurs projets et sécuriser de la trésorerie.
Au-delà des secteurs d’activités et de la taille de l’entreprise, les régions présentent elles aussi leurs propres exigences et intentions quant aux trois prochains mois. C’est la région du Centre-Est qui est la plus dynamique ce trimestre avec + 30% de perspectives de recrutement nettes d’emploi, identiques à celles du trimestre précédent. Les intentions d’embauche des autres régions ralentissent quelque peu, avec dans l’ordre, la région Sud, le Centre-Ouest, suivis des Hauts de France, puis de la région parisienne.
Les entreprises se mettent au “green”
L’étude révèle que près d’un quart des entreprises entendues recrute des profils ayant des compétences dites “green”. En intégrant ce type de qualifications, les sociétés souhaitent accélérer leur transition écologique, comme le précise Alain Roumilhac “Pour faire face aux enjeux de la transition écologique, qui touche absolument tous les secteurs d’activité, des services de communication à l’industrie automobile en passant par les biens de consommation, les entreprises doivent intégrer activement les compétences nécessaires dont elles ont besoin.”.
Ainsi, on observe également que 26% des entreprises françaises commencent à définir les compétences nécessaires pour des Green Jobs et que 17% ont déjà une vraie stratégie quant à leur intégration. Seulement 18% affirment ne pas avoir de besoin en la matière. Les raisons principales : 37% d’entre eux estiment que les Green Jobs ne sont pas applicables dans leur activité, 25% ne savent pas définir ce que sont les Green Jobs et 18% pensent que les Green Jobs ne sont pas alignés avec leurs priorités.
Trois secteurs d’activité demandent actuellement le plus de “green skills”, à savoir la fabrication et la production, l’IT et la data et enfin la logistique. Des freins subsistent tout de même, comme celui de trouver du personnel qualifié pour 47% des entreprises qui envisagent d’intégrer des profils « green » au sein de leurs effectifs ou bien d’identifier correctement les compétences requises pour 36%. La question de la formation revient aussi pour 33% d’entre eux et également une notion financière, puisque 28% s’interrogent sur le retour sur investissement.
L’IA jusque dans les processus de recrutement
Nous assistons à l’avènement de l’intelligence artificielle, qui s’infiltre dans tous les aspects de la vie professionnelle, remettant en question un bon nombre de processus, de tâches et de qualifications, faisant osciller les entreprises et leurs salariés entre enthousiasme et méfiance.
Aujourd’hui, l’IA est également utilisée à des fins de recrutement, avec notamment 10% des entreprises françaises qui s’en servent déjà depuis longtemps dans leurs processus, 18% qui l’ont intégrée récemment, 20% ont prévu de l’adopter dans les 12 prochains mois et 16% dans les 3 prochaines années. Même si de nombreuses interrogations subsistent, 62% des entreprises estiment que l’IA aura un impact positif sur la formation des employés et sur l’engagement des salariés, mais aussi sur l’amélioration des compétences pour 58% des entreprises et 57% pensent qu’elle aura un impact positif sur les process d’onboarding.
