Les derniers chiffres de janvier 2024 sur l’entrepreneuriat sont éloquents : rien qu’en janvier, ce n’est pas moins de 94 066 entreprises qui ont vu le jour. Que ce soit à travers le régime de la micro-entreprise ou celui d’une société classique, de plus en plus de travailleurs font le choix de l’indépendance professionnelle.
La promesse de flexibilité, d’un potentiel de revenu non plafonné, pouvant largement dépasser celui d’un emploi classique, et de liberté suscite indéniablement l’intérêt de nombreux professionnels. Cependant, malgré les nombreux avantages de l’entrepreneuriat, il est important de se rappeler que lorsque l’on devient indépendant, on perd le filet de sécurité qui accompagne généralement le salariat. De plus, des disparités persistent entre les entrepreneurs, selon leur secteur d’activité, leur séniorité, leur région, etc.
Celle-ci fait référence à la capacité des organisations ou des institutions à représenter efficacement les intérêts et les besoins des travailleurs indépendants.
Les intérêts et enjeux de la représentativité
Les indépendants ont le droit d’être entendus, compris et défendus dans les diverses instances décisionnelles, politiques et sociales, tout comme les salariés le sont. De plus, dans un contexte où de plus en plus d’individus choisissent l’entrepreneuriat, cette représentativité revêt une importance croissante. En effet, elle joue un rôle crucial dans la défense de leurs intérêts et droits spécifiques, ainsi que dans la reconnaissance de leur contribution à l’économie et à la société.
Cependant, les travailleurs indépendants se retrouvent dans une multitude de secteurs d’activité, allant de la technologie à l’artisanat, en passant par les services et le commerce. Cette diversité, tant en termes de secteurs d’activité que de situations individuelles, pose des défis pour leur représentation.
Également, une différence fondamentale entre les travailleurs indépendants et les salariés réside dans leur approche de la collaboration avec les clients, une réalité de plus en plus prégnante avec l’émergence des freelances et le développement des plateformes en ligne de mise en relation. Là où certains travaillent en direct avec leurs clients, d’autres utilisent des tiers, qui sont finalement leur intermédiaire principal dans la recherche et la gestion de leur activité. Cette particularité, en apparence mineure, soulève néanmoins toute une série de questions quant à la protection des travailleurs indépendants, ainsi qu’à leurs recours en cas de conflits ou de désaccords avec les plateformes ou les clients.
Il est donc essentiel que la représentativité soit inclusive car leurs réalités économiques, sociales et professionnelles varient considérablement en fonction de leur domaine d’expertise, de leur statut juridique, de leur localisation géographique et d’autres facteurs.
Certains secteurs sont plus concernés que d’autres
Selon les dernières données de l’Insee sur les créations d’entreprises en janvier 2024, le secteur des transports et de l’entreposage est celui qui enregistre la plus forte augmentation des immatriculations. Il englobe notamment les services de livraison à domicile ainsi que les activités de taxi ou de VTC.
Cette deuxième édition, comprenant deux scrutins distincts, se déroulera du 22 au 30 mai 2024. Dix-huit organisations participeront à ces élections afin de désigner les représentants des chauffeurs de VTC ainsi que ceux des livreurs de marchandises utilisant des véhicules à deux ou trois roues, motorisés ou non.
Une élection commentée par Michel Yahiel, président du conseil d’administration de l’ARPE :
« Ces deux dernières années ont été marquées par un dialogue social qui a permis d’aboutir à des avancées significatives en termes de droits et de protections pour les travailleurs indépendants. Les élections de mai prochain s’inscrivent dans la continuité de cette dynamique vertueuse, et permettront aux VTC et aux livreurs de choisir ceux qui les représenteront pour les quatre années à venir ».
Ces élections suscitent légitimement des questions sur la nécessité de les étendre à de nombreux autres domaines. En effet, comme nous le savons, les activités de VTC et de livraison à domicile ne représentent qu’une partie des secteurs impliquant des plateformes numériques de mise en relation. De nombreuses autres industries, telles que le freelance, les services domestiques, le commerce en ligne, et même certains secteurs de la santé, ont recours à ces plateformes. Ainsi, une réflexion plus large sur la représentativité des travailleurs est absolument nécessaire.