Alors que la flambée des prix ne cesse de croître, les salaires dans les TPE et PME ont quant à eux augmenté en moyenne plus que l’inflation en 2022, qui s’élève à + 5,2% sur cette période. Une bonne nouvelle qui reste à nuancer, puisque l’écart de 0,29 % entre les deux taux reste minime et permet seulement à ces employés de compenser leurs pertes de pouvoir d’achat. Le baromètre de Cercle Perspectives, réalisé par 19 cabinets d’expertise comptable conjointement avec le cabinet d’études Init, a été établi sur l’analyse de près de 365 000 bulletins de paie de salariés, travaillant tous pour des TPE-PME.
Des décisions capitales à prendre
Face aux difficultés financières rencontrées par une grande partie des salariés en France en raison de l’envolée des prix (principalement ceux de l’alimentaire et des matières énergétiques) les patrons des TPE-PME tentent d’apporter leur soutien en revalorisant les rémunérations. Durant ce type de périodes charnières, il est crucial pour les employeurs de prendre des décisions afin de tenter le maintien de pouvoir d’achat de leurs salariés mais également de rester attractifs sur le marché de l’emploi, qui rencontre des difficultés certaines de recrutement. En effet, la dernière Grande Consultation des Entrepreneurs menée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI, a révélé en début d’année que sur 56% des entreprises qui ont exprimé leur intention de recruter durant les 12 derniers mois, 29% n’ont pas atteint leurs objectifs. D’autres entreprises, ont quant à elles décider de favoriser l’augmentation des salaires en dépit de l’embauche, ce qui risque d’avoir un impact à court/moyen terme sur le nombre de demandeurs d’emploi sur le territoire national. Une situation globale qui pousse les patrons à rogner leurs marges, qui vont très certainement continuer de baisser jusqu’en 2025 avant de remonter progressivement, selon les projections macroéconomiques de la Banque de France délivrées en mars 2023.
Des écarts entre les salariés à notifier
Le baromètre met en exergue les disparités entre les augmentations des salariés, selon leur genre, leur secteur d’activité, la région où ils vivent ou encore leur statut.
L’an dernier, les augmentations ont été légèrement plus fortes pour les femmes que pour les hommes, avec + 5,66% de croissance versus + 5,35% pour leurs homologues masculins. Un écart qui tend à réduire un temps soit peu les inégalités de salaires, à compétences égales, qui peuvent être observées entre les deux sexes.
La hausse moyenne des salaires non-cadres a été estimée à 5,67%, contre 4,40% pour celle des cadres. Cette différence s’explique notamment par les revalorisations du Smic, en augmentation de 6,6% sur l’année 2022 selon le Service Public.
Sans grande surprise, les secteurs qui ont été les plus impactés par les difficultés de recrutement ont opéré les plus gros efforts au niveau des rémunérations, afin de pérenniser les relations existantes avec leurs salariés mais aussi tenter d’attirer de nouveaux collaborateurs. C’est notamment le cas pour les milieux du transport, avec une hausse de 7,17% ou encore ceux de l’hôtellerie et de la restauration, avec une croissance de + 6,35%. Au contraire, ce sont les secteurs de l’immobilier et de l’enseignement qui ont obtenu les plus faibles augmentations de salaire (+ 4,65% et + 4,69%).
Enfin, à l’échelle régionale, les régions comprenant de grandes métropoles, et donc une concentration plus dense des TPE-PME, enregistrent des revalorisations supérieures à celles du reste de la France. En tête du peloton, nous retrouvons la région Grand-Est (+ 6,50%), l’Occitanie (+ 6,43%) et la Nouvelle-Aquitaine (+ 6,18%).
Bien que les salaires dans TPE-PME aient augmenté, permettant de maintenir à flot le niveau de pouvoir d’achat de leurs collaborateurs, le constat à l’échelle de la France et du secteur privé est tout autre. En effet, l’indice du salaire de base (SMB) a augmenté de 3,8% en 2022 selon le service de statistiques du ministère du Travail, soit bien moins que le taux d’inflation observé sur cette période. Ainsi, au global, les salariés ont perdu en pouvoir d’achat face à l’explosion des prix.
