Au cours des deux dernières décennies, la France a connu une transformation notable de sa dynamique entrepreneuriale, marquée par des évolutions significatives dans le nombre et la nature des entreprises créées. Une analyse approfondie menée par FRANCE STRATÉGIE, basée sur des données de l’Insee, Eurostat et OCDE actualisées jusqu’à fin 2022, révèle des tendances marquées, qui distinguent le pays sur la scène internationale.
1. Essor spectaculaire des créations d’entreprises malgré l’impact des crises
Le moins que l’on puisse dire est que la France est particulièrement active en termes de création d’entreprises, et que l’entrepreneuriat fait vraiment partie intégrante de l’ADN du pays. En effet, entre 2000 et 2022, la France a connu une révolution entrepreneuriale, marquée par une croissance exponentielle du nombre annuel de créations d’entreprises, passant de 238 000 à 1 066 000. Cette expansion fulgurante trouve, entre autres, son origine dans la mise en place du statut d’auto-entrepreneur en 2008, mais pas seulement, puisque sur la même période, le nombre annuel de nouvelles sociétés a quant à lui triplé, passant de 90 000 à 290 000 entreprises.
Sur les deux dernières décennies, l’évolution de la création d’entreprise révèle trois sous-périodes significatives. Les crises financières de 2007-2010 et les dettes souveraines de 2011-2013 ont entraîné une récession, ayant un impact négatif sur la création d’entreprises. Depuis 2020, nous sommes touchés par des chocs géopolitiques et macro-économiques sans précédent, qui ont un impact réel sur les entreprises, mettant à l’épreuve leur résilience.
Face à ces défis, les politiques publiques ont réagi avec agilité, adoptant des mesures de soutien à la trésorerie et d’aménagement temporaire des procédures de faillites, témoignant d’une volonté ferme de préserver la vitalité du secteur entrepreneurial malgré des conditions économiques difficiles.
Ainsi, la crise sanitaire de 2020-2022, bien qu’inédite par son ampleur, a été suivie d’un rebond rapide dès le deuxième trimestre 2020, indiquant la robustesse et l’adaptation du tissu entrepreneurial. Pour autant, il est bon de rappeler que bien que toutes les mesures adoptées par le gouvernement aient pu épargner la défaillance à un nombre certain d’entreprises, énormément de structures vivent actuellement une période extrêmement compliquée d’un point de vue économique et financier.
2. La montée du micro-entrepreneuriat et son rôle clé dans la création d’entreprise
Depuis la mise en place du régime d’auto-entrepreneur en 2008, la France a été le témoin d’une montée significative du micro-entrepreneuriat, atteignant une proportion remarquable de 62% de l’ensemble des créations d’entreprises à la fin de 2022. Le rapport nous apprend aussi que « le micro-entrepreneuriat s’est progressivement substitué aux entreprises individuelles classiques (BPI France, 2022) dont la part dans l’ensemble des créations a diminué continûment de 21% en 2009 à 11% en 2022 ».
Cette tendance ascendante découle de profondes évolutions au sein du marché du travail, où de plus en plus d’individus optent pour cette voie entrepreneuriale en raison de considérations économiques et d’un attrait croissant pour l’autonomie. La transformation remarquable de ce paysage entrepreneurial a exercé une influence sur le dynamisme global du secteur. En simplifiant et rendant accessible la démarche entrepreneuriale, le régime d’auto-entrepreneur a largement contribué à nourrir l’esprit d’entreprise, jouant ainsi un rôle essentiel dans l’expansion continue et la vitalité du tissu entrepreneurial français. En effet, de très nombreux indépendants voient en ce statut l’occasion de sauter le pas, de tenter une aventure entrepreneuriale ou même de générer des revenus en plus de leur activité salariale.
Ainsi, la proportion de micro-entreprises dans le milieu entrepreneurial français dépasse celle observée dans de nombreux pays européens. En effet, comparativement à la moyenne de l’Union Européenne, la France se distingue par un engagement accru envers ce modèle entrepreneurial particulier.
3. La France, championne de l’entrepreneuriat
Au regard des résultats de l’étude, l’évolution de l’entrepreneuriat en France, comparée à celle d’autres nations, dévoile des traits distinctifs qui positionnent le pays comme un acteur clé et innovant sur la scène mondiale. Depuis une vingtaine d’années, la France a été le théâtre d’une croissance remarquable de son écosystème entrepreneurial, avec une augmentation significative du nombre d’entreprises créées. En effet, d’après FRANCE STRATÉGIE, « la France se distingue par une très nette « sur-performance » en matière de créations d’entreprises. Entre 2015 et 2022, le nombre d’immatriculations y est multiplié par près de deux, contre 1,2 dans la zone euro”.
En effet, en dépit des défis géopolitiques et économiques depuis 2020, la France a maintenu une dynamique entrepreneuriale robuste. En comparaison avec la moyenne de l’Union Européenne et d’autres partenaires de l’OCDE, la France s’est démarquée par sa résilience face à la crise sanitaire et son aptitude à stimuler la création d’entreprises. Par exemple, au deuxième trimestre 2020, la diminution du nombre d’immatriculations dans l’économie a été moins prononcée en France, avec une baisse de 19%, comparée à une chute de 28% dans la zone euro.
4. Dynamique sectorielle exceptionnelle et contribution sur l’emploi
Après 2020, la France a démontré une dynamique sectorielle exceptionnelle, se démarquant de ses partenaires de l’OCDE. Des secteurs tels que l’industrie, l’information-communication, la finance-assurance et les services aux entreprises ont enregistré une croissance remarquable. Cette performance place la France aux côtés de la Norvège et de la Belgique, soulignant un écart de dynamisme post-Covid.
La répartition des créations d’entreprises par secteur a révélé une concentration significative dans le commerce-transport-hébergement-restauration (31%) et les services aux entreprises (20%). Depuis 2018, des ruptures ont été observées, avec une croissance dans l’industrie et une diminution dans le commerce. Ces tendances sectorielles soulignent l’adaptabilité du pays aux changements économiques.
En outre, des études récentes soulignent la contribution nette à l’emploi supérieure des nouvelles et jeunes entreprises par rapport aux entreprises plus anciennes dans les secteurs particulièrement dynamiques. Cela confirme le rôle crucial des startups et des jeunes entreprises dans le maintien d’une dynamique économique robuste et créatrice d’emplois en France.