Pour les entrepreneurs, l’année 2024 a débuté avec une complexité croissante et des défis majeurs à relever. En effet, ce premier trimestre est marqué, entre autres, par une inflation persistante impactant le niveau de consommation des ménages, un contexte géopolitique tendu et une conjoncture économique délicate. Ces facteurs externes ont exercé une pression significative sur les entrepreneurs et indépendants, se manifestant notamment par un nombre croissant de défaillances enregistrées au cours des trois premiers mois de l’année. Depuis janvier 2024, pas moins de 17 088 procédures ont été enregistrées, un chiffre atteignant son plus haut niveau depuis une décennie (source : Altares).
Dans ce climat d’incertitude, le Syndicat des indépendants et des TPE a mené une enquête auprès de plus de 1700 dirigeants de TPE (professionnels indépendants, artisans, commerçants, dirigeants d’entreprises de moins de 10 salariés) afin de recueillir leurs ressentis, préoccupations et perspectives, et ainsi réaliser un état des lieux des TPE au premier trimestre 2024.
Un moral en berne
Une atmosphère de pessimisme et d’appréhension règne parmi les dirigeants de TPE ce trimestre. En effet, une écrasante majorité, soit 86 %, témoigne d’un état d’esprit négatif concernant l’avenir de leur activité. Parmi eux, 43 % expriment des inquiétudes quant à la viabilité de leur entreprise, tandis que 30 % se disent désabusés face aux défis actuels. Cette morosité semble être largement influencée par les incertitudes persistantes entourant le contexte économique, politique et social actuel. Les entrepreneurs ressentent les répercussions directes de ces facteurs externes sur leurs activités quotidiennes, ce qui nourrit un climat général d’incertitude et de préoccupation quant à l’avenir de leurs entreprises.
Des défis financiers croissants
L’état des lieux réalisé par le SDI met en évidence l’ampleur des difficultés et des défis auxquels font face les TPE. Ce trimestre, une majorité notable de 56 % des dirigeants ont constaté une baisse de leur activité, dont 21 % ont jugé cette diminution significative, une tendance en augmentation par rapport au premier trimestre de l’année précédente.
En outre, 52 % des dirigeants déplorent une baisse de leurs revenus personnels par rapport à l’année précédente et ils sont la même proportion à rapporter des revenus mensuels inférieurs au seuil du SMIC. Une proportion en nette progression par rapport à l’enquête de 2023 où 47 % des répondants étaient dans cette situation.
Parallèlement, seuls 15 % des répondants affirment percevoir des revenus personnels dépassant les 3000 € mensuels, soulignant la réalité souvent moins reluisante des revenus des entrepreneurs.
Ces difficultés financières sont directement corrélées par leur niveau de trésorerie : 57 % des répondants ont signalé une baisse de celle-ci ce premier trimestre de 2024. De manière préoccupante, 27 % des entreprises se trouvent confrontées à des problèmes significatifs de trésorerie, enregistrant une hausse de 7 points par rapport à l’année précédente.
Enfin, malgré les soucis financiers soulignés, 79 % des répondants ont déclaré ne pas avoir sollicité de crédit au cours des six derniers mois. Cependant, la moitié des dirigeants ont actuellement un PGE en cours de remboursement, un élément important à considérer car le poids de ce remboursement peut être un facteur contribuant aux défaillances des entreprises.
Des perspectives en demi-teinte
L’étude nous éclaire également sur les perspectives des chefs d’entreprise pour les mois à venir.
Tout d’abord, face aux difficultés financières et à la forte augmentation du nombre de défaillances, il n’est pas surprenant d’apprendre que 27 % des dirigeants envisagent de fermer leur entreprise en 2024. Cette donnée met en évidence l’ampleur des défis auxquels les entreprises sont confrontées.
En ce qui concerne le recrutement, étant donné les difficultés financières auxquelles de nombreux dirigeants font face, il n’est pas étonnant que 78 % d’entre eux ne cherchent pas activement à renforcer leurs équipes. Parmi les 22 % qui sont à la recherche de nouveaux talents, la moitié rencontre cependant des obstacles pour pourvoir les postes vacants. Ces défis incluent un marché du travail compétitif, des conditions de travail perçues comme difficiles, des profils de candidats peu adaptés et des salaires peu attractifs.
Enfin, bien que les autorités publiques soutiennent que les impôts ne seront pas augmentés, 78 % des répondants estiment que des hausses fiscales seront nécessaires pour combler les déficits. Il est à noter que le déficit public s’est élevé à 5,5 % du PIB en 2023, soit 154 milliards d’euros, selon les résultats de l’Insee publiés à la fin du mois de mars dernier.
